« Pure invention ? Hallucination d'esprits dérangés ? Troubles récurrents de la perception ? Résurgence d'une peur ancestrale enfouie au tréfonds d'un inconscient collectif ? Véritable race pré-humaine ? Visiteurs venus d'une autre planète ? Y aurait-il donc encore de par le vaste monde des animaux monstrueux que le déluge aurait oubliés ?

A priori, ces interrogations touchent à de nombreux domaines d'investigations scientifiques, de la biologie à la neurologie en passant par la psychologie. Mais lorsqu'on y regarde de près, on s'aperçoit que toutes ces questions renvoient aux sources d'un même questionnement métaphysique : sommes-nous sûrs de notre réalité ? Sommes-nous certains d'être les maîtres du monde ?

Pour tenter d'y répondre, nombreux sont les auteurs - de Pline l'Ancien à Peter Mackenzie - à avoir évoqué ces créatures ouraniennes et maléfiques que sont les Stryges.

A notre tour, modestement, nous avons voulu apporter notre contribution au mythe en créant, en 1997, une série de bande dessinée de fiction intitulée "Le Chant des Stryges". Depuis, quatre autres séries ont fait leur apparition en librairie, abordant un aspect du mythe avec méticulosité et originalité. Tous ces récits font l'écho de nos propres inquiétudes à l'égard de ce mystérieux phénomène des Stryges.

[...] Mackenzie a consacré sa vie à l'étude des Stryges et ses recherches lui ont permis de dresser un portrait relativement précis de ces créatures. Son livre (NdWM : "Contact & Inducement", paru au tout début des années 40, aujourd'hui introuvable) s'appuie en grande partie sur les mythes fondateurs des plus grandes civilisations ainsi que sur des légendes très anciennes glanées à travers le monde. De nombreux recoupements avec des événements "non fictifs" plus récents rendent toutefois l'approche de cette "littérature imaginaire" extrêmement troublante.

[...] Comme souvent dans les domaines qui touchent à l'irrationnel, la frontière est ténue entre la part de réalité objective et la subjectivité de celui qui s'applique à l'interpréter.

A aucun moment nous ne demandons au lecteur de nous croire sur parole. Nous lui donnons seulement accès à certains éléments en juxtaposant les faits de manière explicite. Qu'il en tire lui même les conclusions qui s'imposent. »

Corbeyran