Je comprend votre frustration, j'ajouterais égoïstement que j'ai évité le pire en découvrant cette bd intégralement à la bibliothèque.
Je n'ai pas vraiment accroché à cette 3ème saison et je n'ai pas non plus compris l'évolution ou le comportement de certains personnages mais il me reste le dernier tome 18 à lire avant de refermer définitivement ce chapitre.
Si vous n'avez pas aimé le tome 14, le tome 17 est particulièrement éprouvant (mauvais?) également.

Incidemment, j'éviterais également de lire les spin off dérivés.

Je préviens d'emblée que je ne vais pas mâcher mes mots et que ce topic sera - comme son titre le laisse présager - le dernier que je créerai ici tant mon dégoût est profond.

Je vais revenir point par point sur l'un des albums de BD les plus débiles que j'ai eu l'occasion de lire dans ma vie de bédéphile (je précise que j'ai 45 ans), un des plus mal torchés du 9ièArt et, détail plus grave, qui s'inscrit dans une longue saga à laquelle j'avais pourtant adhéré jusque-là, une série non exempt de défauts et de grosses ficelles mais scénaristiquement bien menée, prenante, voir fascinante par moments.
Le tout concoté par un Eric Corbeyran qui avait réussit à me faire croire, le temps de deux saisons, qu'il était un scénariste compétent, efficace, bref comme on dit familièrement "qui connaît son affaire".
Hors, la saison 3 dans son ensemble (que je vais m'empresser de revendre soit dit en passant) le prouve à mes yeux et le tome 14 - sujet de ce topic - en particulier : Eric Corbeyran est un " ro" mais qui a peut-être l'appétit plus gros que le ventre (sa réputation d'auteur prolifique n'est plus à démontrer), au point que l'on se demande si une telle prodigalité ne le mène pas, dans le pire des cas, à des errements difficilement compréhensibles et surtout acceptables, voir carrément à des "absences" dramatiques en matière de narration, de logique, de sens commun.
Ou bien que, pressé par des impératifs éditoriaux et donc commerciaux, il en vient à ne plus trop savoir ce qu'il raconte.
Car dans la catégorie du grand n'importe quoi scénaristique, le tome 14 du Chant des Stryges (intitulé Enlèvements) est un monolithe dans son genre.

J'ai signalé dernièrement dans un autre topic que je me faisais une relecture complète de la saga ou en tout cas de trois séries : Le Chant des Stryges, Le Clan des Chimères et Le Siècle des Ombres.
Et j'en suis arrivé au moment que je redoutais le plus : la saison 3 et particulièrement le tome 14.
Ce FOUTU tome 14 qui m'avait déjà laissé totalement perplexe à l'époque, que j'avais détesté, qui représentait pour moi à l'époque le début de la fin pour la saison 3 (voir la série toute entière) et qui m'avait inspiré le topic Sinner gâcherait-il la saison 3 ?
Je viens de le relire (l'album, pas le topic).
Et...

Force est de constater que cet album ne passe toujours pas. Mais pas du tout. C'est même encore pire qu'avant car j'y ai trouvé d'autres détails incompréhensibles.
RIEN ne va dans cet album.
RIEN.
Ou si peu que cela équivaut à RIEN.
C'est à croire que Corbeyran a écrit le scénario en état de somnambulisme !
A l'époque, j'avais dit que les tomes suivants permettraient peut-être d'expliquer les aberrations scénaristiques du tome maudit, raison pour laquelle j'avais mis mon titre de topic avec un point d'interrogation (que j'enlèverais bien aujourd'hui car, ayant tout lu depuis, c'est un fait que Sinner gâche bien toute la saison 3. Mais si seulement ce n'était que cela...)
Aujourd'hui, je connais le contenu des tomes suivants. Qui, hélas, n'expliquent pas les décisions et comportements complètement débiles des personnages mais continuent même plutôt sur leur lancée (que l'on pense par exemple au sort insensé que réserve Corbeyran à Abeau et Cylinia, Spoiler ! (cliquez ici pour afficher) massacrés comme des malpropres par l'infatigable Sinner après que Corbeyran leur ai consacré deux spin-off sans parler de leur présence dans la saison 2). Révoltant !
Je n'ai jamais vu des personnages importants d'une BD finir de manière aussi minable et... stupide. Car il est aussi difficile de comprendre comment des personnages ayant vécu durant des siècles (avec toute l'expérience et l’aguerrissement que cela suppose) se faire avoir aussi connement sans rien avoir vu venir ^^

Mais revenons à ce tome 14. Cette radiographie du tome 14, dirais-je.
Je ne comprends toujours pas l'imbécilité des situations (sans parler du sadisme omniprésent) et/ou leur incongruités, les réactions des personnages, leur positionnement dans l'histoire, les invraisemblances, les imprécisions, les approximations, etc...etc...etc... etc...etc...
J'y reviens (encore et toujours) point par point et dans l'ordre, en essayant d'éviter d'être insultant (je ne promets rien !) parce que je suis vraiment EN COLERE par tant de n'importe quoi. VRAIMENT EN COLERE. Au point de vouloir faire rendre des comptes à Corbeyran himself.
Parce que, mine de rien, j'ai consacré du temps et de l'argent à cette (longue) série pour aboutir finalement à ce constat amer qui ne me donne même plus envie de relire les tomes 15 à 18 tellement le tome 14 représente à mes yeux une fracture inguérissable.
Et quand bien même... je me souviens encore suffisamment de la ribambelle d'autres inepties éparpillées dans les tomes suivants qui n'ont fait qu'emboîter le pas du tome 14.
Alors...


"Vous qui entrez ici... abandonnez toute cohérence"


Premier problème... dès la première planche : on apprend que Jenny (qui travaille pour Debrah) est une "taupe" donnant des informations à Abeau et Cylinia.
Hors, dans le tome précédent, Abeau et Cylinia ont clairement dit, lors de leur entrevue avec un groupe de stryges, qu'ils n'avaient plus de nouvelles de Debrah depuis 7 ans et ignoraient tout de ses agissements. S'ils ont menti aux stryges, on peut se demander pourquoi alors qu'ils leur ont toujours été fidèles jusqu'ici ? Et s'ils disent la vérité (ce qui est plus que probable) pourquoi affirmer une telle chose ?
Parce que Corbeyran a un trou de mémoire ?
Soit. Ce n'est pas le plus grave mais enfin bon... dès la première planche...


Planche 6 : Tom montre à Debrah une vidéo où l'on voit la silhouette de ce qui ressemble à un stryge qui aurait été vu en Angleterre.
Hors, tout de suite après, il précise qu'il s'agit d'UNE stryge.
Comment le sait-il ? On ne voit qu'une ombre sur la vidéo. Comment peut-il déterminer le sexe d'un stryge à partir d'une silhouette et une image floue ? Il a eu des infos ? Quand ? Comment ? Par qui ?
Exemple typique de paresse scénaristique.


Planches 9 et 10 : la raison inexplicable qui pousse Debrah à vouloir réunir tous les hybrides... y compris Sinner dont elle sait que c'est un psychopathe fini et qu'il est INCONTRÔLABLE (retenez bien ce mot). Son acolyte, Chris, le précise encore dans leur discussion :

Chris - Est-il vraiment indispensable que tous les hybrides soient présents [traduction : même ce malade de Sinner ?]
Debrah - C'est le but de la démarche, Chrys : une décision collective.
[...]
Chris - Certaines chairs sont corrompues, Debrah ! Un type comme Sinner est totalement incontrôlable (sic !). Il n'a aucune conscience ! Le sort de l'humanité lui est parfaitement indifférent.
Debrah - Si on veut que notre projet ait du sens, il faut qu'ils soient tous réunis... tous sans exception ! C'est bien compris ?
Ben non, Debrah, je n'ai pas compris.
Pas compris ton entêtement débile à jouer avec une bombe à retardement qui laisse plein de cadavres derrière lui, si ce n'est que tu agis comme une conne parce que Corbeyran l'a voulu ainsi !
Et c'est probablement le grand problème de toute la saison 3 d'ailleurs : Corbeyran veut à tout prix donner un rôle de premier plan à ce foutu Sinner alors que la nature même du personnage rend sa présence peu crédible dans les décisions des autres personnages... qui du fait semblent agir comme des crétins.


Planches 14 et 15 : la ch'tite vengeance de Jill qui passe ses nerfs sur Nivek en quelques coups de battes, puis, en l'espace de quelques cases, ne lui en veut plus, le libère, l'amène à l'hosto et "tiens, v'la mon numéro au cas où..."
Je n'avais encore jamais vu un personnage aussi rageux se radoucir aussi promptement.


Mais attendez... le pire est à venir :

Planches 19 à 23 : la rencontre à Venise entre Debrah et Abeau & Cylinia.
Petite précision préliminaire : dans la saison 2, Abeau (mais aussi Cylinia, jadis montrée comme une furie, voir une salope de première) nous sont montrés comme sages, patients et pondérés.
Surtout Cylinia (j'insiste !) qui a, apparement, au fil des siècles, gagner en sagesse et maturité. Ca s'appelle une évolution.
Hors, dans cette scène, on s'étonne de retrouver... la Cylinia impétueuse, agressive et impatiente des séries Clan des Chimères et Siècle des Ombres : elle va carrément jusqu'à essayer de buter Debrah sans autre forme de procès.
En une scène, Corbeyran oublie complètement l'évolution du personnage montré dans la saison 2 pour renouer avec la Cylinia version salope !
Mais les aberrations continuent de plus belle avec Abeau.
Ah parlons-en d'Abeau !


Planches 23 à 25 : Abeau, qui aurait a priori gardé sa proverbiale sagesse, reproche à sa soeur son acte. Ok, ça correspond bien au personnage.
Mais c'est pour ensuite... lui dire que c'est lui qui a fait évader le psychokiller Sinner et l'a engagé pour retrouver les hybrides.
WHAT ???
Et Cylinia de lui rétorquer alors :
- Quoi ? Sinner ? Tu veux confier ce boulot à cet assassin patenté ? Tu es sérieux ?
C'est effectivement la question que je me suis posée pendant tout l'album : ARE YOU SERIOUS ?
Et c'est piquant que ce soit Cylinia - qui a retrouvé son agressivité et son immoralité et vient juste d'essayer de buter Debrah - qui le lui fait remarquer.
Conlusion : Corbeyran veut imposer Sinner ! SINNER ! Corbeyran ne pense qu'à ce personnage de merde et il faut bien que quelqu'un l'engage pour qu'il fasse quelque chose dans cette histoire. Qui ? Bah... disons Abeau.
Ah bon ?


Planche 30 (peut-être la pire scène de toutes) :
Abeau et Cylinia contacte Sinner par ordi pour lui faire la proposition d'embauche aberrante d'Abeau. Sinner hésite, puis accepte mais à une condition : qu'on lui livre le Dr Shelton (et on se doute bien que ce n'est pas pour faire une partie de Scrabble).
Réaction d'Abeau (le sage, l'homme moral) : "ok, pas de problème" (en une case).
Autrement dit : Abeau et Cylinia acceptent sans aucun problème de conscience de livrer une innocente à un psychopathe sadique-pervers (qui, pour rappel, va la torturer et la tuer à coup de perceuse électrique ^^)
A nouveau, je ne peux que dire : WHAT ???


Planche 32 : l'enlèvement du Dr Shelton en pleine rue. On notera au passage que son agresseur lui balance violemment un méchant coup de couteau dans la tronche (encore du sadisme totalement gratuit) mais, bizarrement, la jeune femme réagit comme si c'était une simple piqûre de moustique ! Je suis à peu près sûr que quand on recoît une estafilade pareille, on se couvre le visage en hurlant.
Cette fois, c'est Guérineau qui dessine n'importe quoi, peut-être contaminé par Corbeyran qui écrit n'importe quoi. "Folie à deux" est l'expression psychiatrique usitée.
C'est un détail mineur comparé à d'autres mais là encore, cette scène est mal conçue et invraisemblable.


Je passe sur le (trop long et complaisant) passage sadique (encore) où Nivek recoît le CD montrant le calvaire de la psy. Si ce n'est pour dire pour dire qu'à la bêtise, Corbeyran ajoute la complaisance dans le malsain (qui d'ailleurs ne mène à rien comme on le verra plus bas) et que l'on est définitivement bien loin du ton des deux premières saisons...


Planche 42 à 44 : l'épisode en Angleterre. Assez cornichon aussi dans son genre.
Voyons : UNE stryge a donc été aperçue en Albion, près d'un manoir. Notre petite équipe enquête. Jusqu'à se retrouver dans un... grenier où ils trouvent des plumes de stryge, signe évident de la présence de la créature.
Mais...
Mais enfin pourquoi un stryge (pardon : UNE stryge), colossale créature de 3m de haut (admettons que les femelles soient plus petites), irait se réfugier dans un grenier étroit et encombré de meubles pourrissants ?
Et que fait-elle là au fait ?

Terminons en apothéose avec les dernières planches qui laissent interdit même le lecteur le moins attentif :

Planches 45 à 47 : Nivek, sur l'invitation de Sinner qui a fait joujou façon Black & Dekker avec sa copine, se rend donc chez le psychopathe (accompagné de Jill) dans la ferme intention de lui faire la peau.
Et il s'y prend de manière... euh... pour le moins frontale et (je sais que j'ai souvent employé ce mot mais je n'en vois pas d'autre) STUPIDE !
Du genre "salut, c'est Nivek, je suis venu vous zigouiller. Vous pouvez m'ouvrir la grille ?"
Rappelons que Nivek est un ancien agent des services secrets, ancien bodyguard du président des USA, un vrai pro quoi. Hum...
Et que croyez-vous qu'il se passa ?
Hé bien : Nivek et Jill n'ont même pas le temps d'approcher Sinner qu'ils se font entourer et désarmer par 7 gardes du corps.

The End (ou to be continued si vous voulez mais je m'en fous)


Que dire d'autre ?
Une chose : manifester mon incompréhension devant les bonnes crtiques lues ici et là sur le Net qui me font me demander si les lecteurs réfléchissent quand ils lisent une bande dessinée ou se contentent d'avaler toutes les couleuvres que leur sers le scénariste sans s'en rendre compte.
Car dans ces avis/critiques, il n'y a aucune mention des énormes incohérences de l'album.
Explication possible : les lecteurs ne relisent pas les tomes précédents et, donc , ne se rendent pas compte de la plupart des illogismes du scénario (encore que certaines d'entre elles, pourtant, ne demandent pas de relectures, se suffisant à elle-même)

Quoiqu'il en soit, je jette l'éponge de cette relecture de la saison 3 et je liquide car trop c'est trop.
Ironiquement, j'avais pourtant trouvé le premier tome de cette saison (le tome 13 donc) plutôt prometteur.
Le suivant a tout gâché. Et le reste à suivi.